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Est-il possible de nourrir 10 milliards d’individus uniquement avec l’agriculture bio ?

Est-il possible de nourrir 10 milliards d’individus uniquement avec l’agriculture bio ?

Dans les années 1970, on pouvait lire cette phrase dans le programme électoral du parti démocrate : « avant de revenir à l’agriculture naturelle dans ce pays, quelqu’un doit choisir les 52 millions d’Américains qu’on va laisser mourir de faim ». Depuis lors, les détracteurs n’ont cessé d’affirmer que l’agriculture bio n’est pas adaptée, nécessitant plus de terres que l’agriculture traditionnelle pour produire la même quantité de nourriture. Les partisans de l’agriculture bio apportent des avantages écologiques, sanitaires et socioéconomiques que l’agriculture traditionnelle ne permet pas fournir.

Quelques avantages de l’agriculture biologique

Les agriculteurs américains ont du mal à satisfaire les besoins en nourriture bio de la nation. L’agriculture bio n’occupe que 1,2 % des terres agricoles internationales, ce qui témoigne d’un fort potentiel inexploité qui pourrait résoudre l’un des plus gros problèmes de l’humanité : produire suffisamment de nourriture pour une population qui pourrait atteindre 12 milliards d’individus en 2080, sans une exploitation forestière abusive et des dommages causés à l’environnement en général.

D’après les résultats des recherches d’un consortium américain pour la planète, il ressort que les systèmes agricoles naturels produisent des rendements inférieurs de 9 à 22 % à ceux de l’agriculture traditionnelle. Historiquement, l’agriculture standard s’est en fait concentrée sur l’augmentation des rendements au détriment des trois autres paramètres de durabilité. En outre, l’agriculture naturelle fournit des aliments tout aussi sains, voire plus, qui contiennent moins ou pas de résidus de pesticides et offrent des avantages sociaux supérieurs à leurs équivalents standard.

Avec l’agriculture naturelle, les dépenses écologiques ont tendance à être plus faibles et les avantages plus élevés. La perte de la biodiversité, la destruction écologique et l’influence extrême sur les « services » que nous rend la nature comme la pollinisation des cultures, la santé des sols et d’autres avantages n’ont pas seulement accompagné les systèmes agricoles standard, mais se sont aussi étendus bien au-delà des frontières de leurs champs, tels que le débordement des engrais dans les rivières. Dans l’ensemble, les exploitations agricoles naturelles ont tendance à avoir une qualité de sol bien meilleure et une désintégration du sol inférieure à celle de leurs équivalents standard. L’agriculture biologique développe normalement moins de contamination du sol et de l’eau, réduit les émissions de gaz à effet de serre et est plus efficace sur le plan énergétique. Elle est également liée à une plus grande biodiversité de plantes, de micro-organismes, de parasites et d’animaux, etc. Malgré des rendements plus faibles, l’agriculture naturelle est plus gratifiante pour les agriculteurs parce que les clients veulent payer plus cher pour une meilleure qualité.

L’agriculture biologique peut contribuer à la fois à nourrir le monde et à préserver les zones sauvages. Dans une étude de recherche publiée cette année, les scientifiques ont conçu 520 conditions de production alimentaire pour voir si nous pouvons nourrir une population mondiale approximative de 10 milliards d’individus en 2060 sans élargir l’emplacement des terres agricoles que nous utilisons actuellement. Ils ont découvert qu’une alimentation adéquate pourrait être produite par une agriculture naturelle à faible rendement, si les individus finissaient par devenir végétariens ou par consommer un régime plus végétarien avec un apport plus faible en viande.

Mais, il existe d’autres alternatives…

En réalité, nous ne pouvons pas nous attendre à ce que tout le monde passe à côté de la viande. L’agriculture biologique n’est pas non plus la seule alternative durable à l’agriculture traditionnelle. Il existe d’autres types d’agriculture réalisables, comme l’agriculture incorporée où l’on mélange des pratiques naturelles avec des pratiques standard ou des systèmes d’élevage d’animaux nourris à l’herbe. L’intensification de l’agriculture naturelle au moyen de lois publiques appropriées et d’investissements financiers personnels est une action cruciale pour la sécurité alimentaire et environnementale internationale. L’obstacle qui se pose aux décideurs est d’établir des politiques du gouvernement fédéral qui appuient la transformation des agriculteurs ordinaires en systèmes naturels.